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dimanche 2 février 2014

Velles, dernière commune au droit de pâturage en forêt.

Velles est un village passionné par son patrimoine local et historique. La création en 2013, par la troupe Festi'Velles du spectacle historique nocturne : "Mademoiselle de La Motte-l'Insoumise", met en scène l'histoire d'une très ancienne et illustre famille aristocratique du village, les "de Boisé de Courcenay".

Curieusement, l'analyse des archives, particulièrement celles de l'Académie d'Orléans, a permis de relever que ce petit village du Bas-Berry est le dernier à bénéficier d'un droit d'usage très ancien : "le pâturage dans les forêts domaniales".

Lors de sa séance du 6 juin 2002, Monsieur Roger Lafouge a présenté une étude sur l'évolution des droits d'usage dans les forêts domaniales du Centre.

On peut y lire ceci  :

"Pendant de longs siècles, les forêts domaniales du centre ont contribué, grâce à l'exercice des droits d'usage, à la survie des populations locales.

Ces droits qui confèrent au titulaire, l'usager, suivant le titre qu'il détient et conformément à ses besoins, le droit de prélever une partie des produits de la forêt d'autrui, sont d'origine très ancienne.

Ils se sont développés au Moyen Age, jusqu'à mettre en péril l'existence même de certains massifs. Les rois, par des ordonnances successives, ont progressivement codifié ces droits qui s'inscrivaient parfaitement dans l'ordre juridique et l'ordre économique de l'Ancien Régime.

La Révolution avec la promulgation d'un nouveau code forestier et la création d'une nouvelle administration forestière, va se doter de moyens d'agir.

Ces droits vont progressivement s'éteindre, surtout en raison du progrès économique qui fera disparaitre petit à petit, les justifications techniques de ces pratiques.

Si de nos jours, les droits d'usage sont pratiquement tombés en désuétude, on voit apparaitre de nouvelles servitudes qui interfèrent avec la gestion forestière. 

Désignés le plus souvent par des vocables anciens,  de ces mots usés par le temps, mots amortis qu'éteint la patine des siècles, les droits d'usages sont multiples car ils n'ont selon les termes de Meaume : pas d'autres limites que les besoins et la volonté de l'homme.

Pour la commodité de l'exposé, ils seront regroupés en trois grandes catégories :

La première rassemble les droits d'usage au bois et comprend : l'affouage (usage au bois de chauffage), le maronage ( usage au bois d'œuvre), l'usage au bois mort, l'usage aux morts bois.
Par mort bois, on entend le bois vif appartenant à certaines espèces secondaires d'arbres et d'arbustes.
Très souvent pour les définir on fait appel à la charte aux Normands accordée par Louis X le Hutin en 1315.

La seconde concerne les droits d'introduire les animaux domestiques en forêt. On distingue le pâturage pour l'introduction des bêtes aumailles (vaches-bœufs) et chevalines, le pacage pour l'introduction des ovins et caprins, le panage ou glandée pour l'introduction des porcs.

Enfin, la troisième réunit les usages aux autres produits de la forêt. La liste n'est pas limitative. Il est souvent fait état de soutrage (extraction du gazon), de la feuillée ( prélèvement des feuilles mortes).
Il en existe beaucoup d'autres, tel par exemple, le droit reconnu jadis aux villageois riverains de la forêt d'Orléans de prélever en forêt, les essaims d'abeilles".

Plus loin dans son rapport, on lit ceci à propos du droit de pâturage :

"Dès après la seconde guerre mondiale, le phénomène s'était accéléré et constatant le sens de l'évolution, l'aménagiste de la forêt d'Orléans écrivait en 1946 : il est probable que dans quelques dizaines d'années, le pâturage en forêt ne sera plus qu'un souvenir.

Tel semble bien être le cas d'aujourd'hui, car en ce début du XXI ième siècle, une seule commune, Velles, continue à demander pour la ferme du petit Boisay, l'autorisation d'introduire quarante bovins en forêt de Châteauroux.
Nécessité économique ? certainement pas, aucune bête, depuis de nombreuses années ne pâture en forêt. Routine ? Désir de ne pas perdre un droit d'usage dont on aura peut être besoin dans l'avenir ? Respect d'une tradition ancestrale ?
Peut être chacun de ces motifs explique-t-il en partie l'attitude des élus de la commune de Velles.

Clin d'œil de l'histoire, la ferme du Petit Boisay appartenait à la famille de Mademoiselle de La Motte, de son vrai nom : Françoise de Boisé de Courcenay.

La troupe Festi'Velles, réinvestira le théâtre de verdure des prairies de Velles, les 4-5-6-7 juillet prochains, pour présenter la nouvelle édition du spectacle historique nocturne : "Mademoiselle de La Motte - l'Insoumise", dans le cadre du "Festi'Lumière de Velles 2014".
(Tarifs, Billetterie, Réservations, voir la rubrique liens de ce blog)




Contact presse 02 54 36 75 02

1 commentaire:

  1. Sur l'article "Seigneurs de Boisé de Courcenay à la Cour de Louis XV":
    Le mariage mentionné est celui de Claude de Boisé De Courcenay (1744-1799) avec Gabrielle Marie Rogère de Cugnac-Dampierre (1741-1816) qui a eu lieu à Paris le 16 janvier 1769. Dix années auparavant, Claude de Boisé alors agé de 15 ans fut admis parmi les pages de la Petite Ecurie du Roi.

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