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lundi 27 janvier 2014

Pierre Leroux ami commun de George Sand et Madame Veuve Petit, velloise et Saint-Simonienne.

Dans des articles précédents, nous avons évoqué la présence à Velles, précisément à Vauzelles, d'une colonie Saint-Simonienne, au milieu du 19 ième siécle, en indiquant que le Père Bouffart, personnalité éminente de ce courant de pensée, reposait dans le château de Vauzelles.

Des recherches complémentaires sur les archives ont mis en lumière un article de la revue de l'Académie du Centre de 1976, qui traite de ce sujet et met au jour des courriers de Pierre Leroux.

On peut y lire ceci :

" En 1833, une habitante de Meaux, Madame Veuve Petit, dont le fils Alexis était un adepte des théories Saint-Simoniennes, décida avec un de ses amis, Monsieur Bouffard-Madiane, beau-frère de Michel Chevalier, de faire en commun l'acquisition d'un vaste domaine en Berry, les terres de Vauzelles à Velles.
Ils entreprirent d'y appliquer les théories Saint-Simoniennes de mise en valeur des terres incultes, dans le but d'améliorer le sort des populations déshéritées.
Monsieur Bouffard-Madiane mourut peu de temps après et Madame Petit continua seule son œuvre pionnière, aidée quelques années plus tard par son fils.
Ils firent de la terre de Vauzelles, l'une des plus importantes exploitations de cette région de l'Indre, fort pauvre au 19ième siècle.
Les archives de la famille Petit ont été données en 1940 aux archives  de l'Indre, par l'un des descendants de Madame Petit, Frédéric Soehnée, conservateur honoraire aux archives nationales.
Dans ce fond fort intéressant pour l'étude des exploitations agricoles de l'Indre au 19ième siècle et où figurent également de nombreux documents sur le mouvement Saint-Simonien, un petit dossier porte le titre  : Lettres de Leroux. Ce dossier comprend neuf documents : sept sont signés de Henri Leroux et deux sont de Pierre Leroux.
Pierre Leroux, dont on connait l'amitié qui le lia à George Sand, avait confié l'un de ses fils, Henri, à Madame Petit, pour le former aux méthodes agricoles prônées par les Saint-Simoniens, et mises en pratique à Vauzelles.
Il envoya à Madame Petit, deux lettres qui ne sont pas datées, mais qu'une mention marginale sur l'une d'elles, permet de situer environ à la fin de l'année 1843 en ce qui concerne celle-ci et quelque temps après, s'agissant de l'autre qui semble postérieure".

Nous publions aujourd'hui ce premier courrier de Pierre Leroux :

"Chère Madame,

Il faut que dans votre bonté, vous me pardonniez, si je ne vous ai pas répondu plus vite. Henri pourra vous dire quelle peine j'éprouve dans certains quarts d'heure de ma vie, quand mon attention est vivement fixée sur un point, pour écrire la moindre lettre aux personnes qui me sont les plus chères.
Je voulais en outre, communiquer vos bons avis à l'ami qui se proposait, il y a peu de temps de faire l'acquisition dans le voisinage de Sainte-Sévère ; et il était et est encore absent de Paris. Mais comme il ne fera rien sans me consulter, il n'y a pas péril en la demeure.

Combien je vous remercie de la peine que vous avez prise de m'écrire à cet égard ! Il est certain que l'inexpérience en ces sortes de choses peut conduire à des transactions qu'on regrette ensuite d'avoir faites. Il est donc bien bon d'être éclairé et guidé.

Personne ne peut mieux nous renseigner que vous. Vous êtes à même de savoir, vous qui avez mis tant de courage dans l'œuvre qui vous occupe. Je vous dirai, Madame, ce que je ne vous ai pas dit quand je vous ai visitée, que votre courage et votre activité font mon admiration.

Je vous trouve d'ailleurs bien heureuse, malgré les tribulations que vous pouvez avoir, de vivre au milieu de la nature et en luttant contre elle. Je vous affirme que l'agriculture, comme vous avez osé l'entreprendre, me parait la plus noble occupation de l'homme, et j'y ajoute de la femme.

Car je ne sais pourquoi, on parle toujours uniquement de l'homme, comme si son sexe excellait seul et comprenait toute la nature humaine.

J'ai une amie, Madame Sand, qui est, à ce que disait un électeur, qui mettait son nom, par plaisanterie, dans l'urne électorale pour la députation, le seul homme du département.

Je crois que pour la noblesse, la grandeur et les vertus, elle fait honneur au genre humain.

Et vous Madame, n'oublie-t-on pas les préjugés qui ont cours sur votre sexe, quand on pense à vos travaux et qu'on vous voit sur votre champ de bataille? Je vous répète que je ne pense pas à vous sans admiration.

Je suis bien heureux des soins que vous voulez bien prendre de mon fils. J'espère qu'il confirme vos présages sur lui et qu'il sera brave et de bonne volonté.

Je n'ai pas d'autre mot que le mot tiré de l'Evangile pour exprimer ce que je désirerais que tous les hommes et toutes les femmes fussent.

               Je vous présente mes respects

                                                                     Pierre LEROUX

On trouve ce commentaire à la fin de l'article de la revue de l'académie du Centre :

"Grace à cette correspondance de Pierre Leroux, on sait donc que leur ami commun parla à Madame Petit de George Sand. On peut penser que de la même façon, il entretint George Sand de son admiration pour l'œuvre difficile réalisée par Madame Petit.
Ces deux femmes qui vécurent à la même époque, dans une même région et y exercèrent des activités qui n'étaient pas alors, le lot commun des femmes, se connurent-t-elles ? On n'en trouve pas trace dans la correspondance de George Sand".

L'atelier Histoire de l'association Festi'Velles, a décidé d'exploiter cet exceptionnel fonds documentaire. Nous publierons régulièrement des articles sur cette présence Saint-Simonienne à Vauzelles, qui fit de notre village, une référence expérimentale de ce courant de pensée.



D'un siècle à l'autre.......

La troupe Festi'Velles réinvestira le théâtre de verdure des prairies de Velles, les 4-5-6-7 juillet prochains, pour présenter la nouvelle édition du spectacle historique nocturne : "Mademoiselle de La Motte-l'Insoumise", dans le cadre du "Festi'Lumière de Velles 2014".
(Tarifs-Billetterie-Réservations, voir la rubrique liens de ce blog)

Contact presse 02 54 36 75 02



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