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mercredi 11 juin 2014

La Seigneurerie de Beauregard au 18 ième siècle Chapitre 1

La création en 2013 du spectacle historique nocturne : « Mademoiselle de La Motte- l'Insoumise », par la troupe Festi'Velles, dont le scénario se déroule en 1589, au sein d'une illustre famille aristocratique du village, les « de Boisé de Courcenay », a suscité un intérêt pour la connaissance et la promotion du patrimoine historique et culturel de Velles.

L'ouverture de l'« Atelier Histoire » répond à cette demande. L'objectif est d'animer quotidiennement ce blog par la publication d'articles dont la lecture permet la découverte d'un passé enfoui du village.

La consultation des archives départementales est toujours riche de surprises. La dernière trouvaille est un mémoire de maitrise, réalisé par une étudiante de l'université Paris-1, Monique Labaye.

Il traite, pour notre plus grand plaisir, de la Seigneurerie de Beauregard au dix huitième siècle.

A l'image d'un précédent mémoire sur la population de Velles à la fin du dix septième siècle, nous publions ces travaux sous forme de feuilleton.

 Dans l'introduction publiée ce jour, la jeune étudiante nous brosse un tableau sans complaisance de l'économie rurale de la Province du Berry à cette époque.

Elle dit ceci :

"Médiocrité et pauvreté constituent les dénominateurs communs caractérisant l'économie rurale de la Province du Berry de la fin du XVII ième jusqu'à celle du XVIII ième siècle.

Cette sombre vision est bien celle que donnent, à l'unanimité et presque à un siècle d'intervalle des témoignages relevant de personnalités aussi diverses, que des envoyés du pouvoir central : intendant ou simples voyageurs.

Dey de Sérancourt, en tant qu'intendant, met en relief dans son "Mémoire sur la Généralité de Bourges" en 1697, le contraste flagrant entre la situation générale du royaume et celle toute particulière de l'élection de Châteauroux dont "le fond est le plus ingrat et le plus stérile du royaume".

La même appréciation se retrouve chez un anonyme du XVIII ième siècle : "Les villes et les campagnes semblent désertes et dans un engourdissement et une indigence pitoyables"

Enfin le témoignage de Young, à la veille de la Révolution en 1787 et alors qu'il traverse le Berry, ne permet pas de constater une évolution positive de la situation économique et sociale. Au contraire, les mêmes caractères de médiocrité sont toujours présents et dominants, "la culture est pauvre et les gens misérables".

Or, s'il y a contraste dans le royaume entre la situation générale de l'agriculture qui connait surtout à partir de la seconde moitié du XVIII ième siècle une tendance à l'expansion et celle du Berry, caractérisée par une médiocrité persistante, il existe également un autre contraste à un autre niveau.
A cette nouvelle échelle, le contraste se révèle interne à la province elle-même. Il suffit de faire ressortir sur une toile de fond économique et sociale sombre, le groupe quantitativement et qualitativement important que forment les propriétaires fonciers.

"Propriétaires riches" dit de Travenet ; Ils appartiennent tous à une noblesse, à un clergé et à une bourgeoisie localisés en milieu urbain : à Châteauroux, Issoudun, Bourges,Vierzon, voire en milieu urbain étranger à la province considérée.

C'est ce dernier trait que présentent les Seigneurs de Beauregard au XVIII ième siècle, lorsqu'ils font de Montluçon, en province de Bourbonnais, leur résidence ordinaire.

Le contraste interne à la province de Berry s'appuie sur la répartition de la propriété foncière faite au profit de ces propriétaires liés au clergé, à la noblesse et à la bourgeoisie, puisque 75% des terres de Champagne et des territoires environnants sont entre leurs mains. 

Il faut d'ailleurs souligner à ce propos que dans ce pourcentage, la redistribution se fait en faveur d'une "bourgeoisie montante" face à la noblesse qui amorce une phase déclinante.

Au déséquilibre introduit par la répartition de la propriété foncière, il faut ajouter l'aggravation que constitue la politique d'exploitation du sol ou plutôt son absence de la part du groupe propriétaire :

"Le Berry est plus que d'autres provinces à quantité de propriétaires riches. Je dirais même que tous ses propriétaires le sont, mais par cela qu'on possède beaucoup de terres, on n'est pas toujours disposé à faire des sacrifices pour les mettre en rapport selon l'art de l'agriculture.

D'où je conclus que si le morcellement de la propriété en trop de parcelles est souvent un inconvénient, la conservation des grandes propriétés dans un pays où il n'y en a point de petites est toujours un malheur. Plus les propriétaires sont riches, plus les paysans sont pauvres, par conséquent moins la contrée a de capitaux".

De Travenet, à travers le contraste formé par la toile de fond économique et sociale générale et la présence du groupe propriétaire atteint la cause même de la précarité et de l'incertitude de l'économie rurale en Berry au 18 ième siècle.

Il  met en relation, pour expliquer les insuffisances de l'économie rurale, la répartition déséquilibrée de la propriété foncière, le maintien de vastes unités d'exploitation et l'absence d'un véritable esprit d'entreprise de la part des propriétaires.

Une telle pratique explique par là-même le maintien de méthodes agricoles archaiques, l'emploi d'un équipement rudimentaire.

Le problème de la rentabilité du sol, son carctère précaire se posent donc au niveau de la politique des propriétaires fonciers mais aussi au niveau du constat de la médiocrité des masses paysannes exploitantes.

Le profit issu des diverses activités agricoles de chaque unité d'exploitation est-il faible et fragile au point de n'assurer aux exploitants des métairies et des locatures qu'un revenu mince voire inexistant ?

L'exemple précis que constitue l'analyse de la Seigneurerie de Beauregard dans la seconde moitié du 18 ième siècle doit nous permettre de cerner les caractères et l'amplitude de la médiocrité qui caractérise l'économie rurale du Berry pendant cette période.

Le terme de seigneurerie désigne une forme toute particulière de "propriété du sol" et implique par là même un système de faire valoir spécifique à un niveau global et un mode d'exploitation précis à l'échelle des différentes unités d'exploitation.

Cette partie consacrée au système de faire valoir et au mode d'exploitation doit nous amener à analyser les facteurs de mise en valeur du sol :
facteurs humains, d'équipement, puis la nature des revenus, leurs composantes et le poids respectif de ces dernières au sein des revenus.

Enfin, à partir de cette tentative de constitution d'un revenu brut, il faudra envisager ses limites, ses insuffisances et dégager par là- même le contexte social médiocre où vivent les masses paysannes exploitantes.

Retrouvez la liste complète des articles publiés sur le blog, par date, par thème : "Bibliothèque du blog" dans la rubrique "liens" en haut à droite.

D'un siècle à l'autre.......


La Troupe « Festi'Velles » réinvestira le théâtre de verdure des prairies de Velles, les 4-5-6-7 juillet prochains, pour présenter la nouvelle édition du spectacle historique nocturne : « Mademoiselle de La Motte-l'Insoumise », dans le cadre du « Festi'Lumière de Velles 2014 »,
(Tarifs-Billetterie-Réservations, voir la rubrique liens de ce blog).





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