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mercredi 8 août 2018

Velles Terre Saint- Simonienne....

Découvrez la présence de St Simoniens à Velles.....
Bonne lecture.

 
Velles Terre Saint Simonienne

La découverte, tout à fait fortuite, de la présence d'une colonie St Simonienne à Velles dans les années 1830, m'a conduit à découvrir ce personnage : Claude Henri de Rouvroy, Comte de St Simon (1760-1825).
Il est à l'origine d'un courant de pensée qui marquera de son empreinte tout le 19ème siècle. Aujourd'hui encore, de nombreux intellectuels et chercheurs reviennent aux sources de son œuvre, la considérant comme la matrice des deux courants postérieurs, le Libéralisme et le Socialisme.

Né dans une famille noble sous l'ancien régime, il participe aux cotés de La Fayette, à l'indépendance des Etats Unis d'Amérique. Il garde de cette expérience, un intérêt pour l'économie et l'esprit d'entreprise. Adepte de l'Esprit des Lumières, il fait le choix de la Révolution en refusant d'émigrer. Il participe à la rédaction des cahiers de doléances de sa région, la Picardie.

Au tournant du siècle, il décide de se consacrer à la philosophie avec l'ambition de bâtir un système de pensée susceptible de fonder une nouvelle société. Celle ci doit être plus juste, plus prospère, plus sociale. Il veut apporter le bonheur à l'humanité par les progrès de la science et de l'industrie.
Il a foi en l'homme et en la technique. Il aspire à une société nouvelle, fraternelle et pacifiée par les sciences et les technologies.

« La philosophie du siècle dernier a été révolutionnaire, celle du 19ème siècle doit être organisatrice. ». Il critique une société coupée en deux, les frelons (la classe oisive), les abeilles (la classe industrielle). Il imagine une société industrielle, ordonnée selon le mérite de chacun et non plus sur les privilèges héréditaires d'une minorité.

Ce courant de pensée reçoit un accueil favorable dans l'élite intellectuelle issue de la nouvelle bourgeoisie, particulièrement au sein de l'école Polytechnique.

Le 19 mai 1825, c'est un groupe parsemé de disciples qui accompagne sa dépouille au Père Lachaise. Nous y trouvons, Augustin Thierry, Auguste Comte, Olinde Rodriguez, Bazard et Barthélémy Prosper Enfantin qui deviendra le chef incontesté du mouvement St Simonien.

Les idées de Saint Simon, portées par ces personnalités, trouvent un rayonnement national et international et bousculent le régime déclinant de la Restauration (Charles X). Le mouvement contribue à la révolution de 1830 qui verra l'accession de Louis-Philippe.

Les thèses développées sont l'amélioration du sort moral, physique et intellectuel de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre ; le développement des voies de communication ; la généralisation du crédit ; l'abolition des privilèges de la naissance ; l'égalité entre les sexes ; la réunion des peuples en une famille universelle ; l'accès à tous à l'éducation ; la promotion d'un monde pacifié.

Devant un tel programme, Louis Philippe prend peur et décide d'interdire le mouvement, au prétexte de trouble à l'ordre public. Poursuivi par la justice, son leader Prosper Enfantin sera emprisonné une année. A l'issue en 1833, les équipes dirigeantes se dispersent et Enfantin, accompagné de nombreux ingénieurs, rejoint l'Egypte avec le projet de création du canal de Suez. Conçu à l'origine par les St-Simoniens, ce projet verra le jour, 30ans plus tard, sous la direction de Ferdinand de Lesseps.



C'est dans le cadre de cet essaimage, qu'en 1833, le Père Bouffard, dirigeant St Simonien et madame Veuve Petit, fortunée et sympathisante du mouvement, achètent pour 45.000 francs les terres de Vauzelles à Velles.

La propriété compte 1077 hectares, constituée en grande partie de brandes et de friches. Leur ambition est de mettre en pratique le « Crédo St Simonien » : utiliser le progrès scientifique et technique pour développer l'agriculture et améliorer le sort de la population locale particulièrement misérable.

Le père Bouffard décède la même année. Il est enterré dans la cour du château de Vauzelles. Madame Petit rachète ses parts et devient l'unique propriétaire des terres de Vauzelles.

Son fils Alexis(1805-1871), également St Simonien, a fait partie de l'expédition d'Egypte. Il rentre en France en 1836 et décide, avec sa mère, de mener à Vauzelles l'expérience d'une ferme communautaire industrielle. Le projet est financé par madame Petit et voit le développement d'un énorme chantier qui mobilise tous les corps de métiers et impliquent la majorité de la population du village. Nous y voyons des architectes, des maçons,des charpentiers, des serruriers,des menuisiers, des fermiers, des meuniers.S'élèvent de nouveaux bâtiments de ferme, des hangars, des silos à betteraves.

La mise en valeur des terres est engagée par le défrichage, le drainage, la construction de fours à chaux, la plantation de pins, la vigne,le fumier, le noir animal, les cendres lavées, la poudre d'os, le sang coagulé......
En 1840, les résultats ne sont pas à la hauteur et génère une grosse déception. L'échec est probablement dû à la stérilité des terres mais aussi au manque de savoir faire d'Alexis. Celui ci épouse en 1841 Rosalie Zoë Dumont, ils auront trois enfants, Céline née en 1843, Paul né en 1845 et Auguste né en 1846.
En 1842, Madame Petit est contrainte de vendre sa propriété de Meaux et en 1845, ruinée, elle quitte Vauzelles pour Paris où elle y décède en 1863.

La ferme industrielle redevient une simple exploitation agricole. Néanmoins cette expérience a permis de faire évoluer localement les techniques agricoles qui seront largement reprises et amplifiées par l'industriel Charles Balsan lorsqu'il achètera vingt ans plus tard, les terres du Plessis.

A l'occasion de la Révolution de 1848, le « Citoyen » Alexis Petit est nommé Maire de Velles. Il ne restera en fonction que quatre mois. Il fut, semble-t-il, victime d'une cabale montée par le clergé et l'aristocratie locale.Il est probable que les idées St-Simoniennes, développées à Vauzelles, inquiétaient les notables locaux.

En 1855, Alexis désabusé, met en vente sa propriété, sans succès...Elle compte à l'époque, neuf domaines sur les communes de Velles, Bouesse, Mosnay et Arthon : Vauzelles, Bellevue, La Gabette, Lizatte, Loubatière, Le Moulin,Les Pichots, Talbots, La touche.

En 1856, Alexis Petit s'installe à Châteauroux. Paul et Auguste rentrent au lycée impérial.

Il meurt à Vauzelles le 24 février 1871, totalement ruiné. Vauzelles avait été léguée antérieurement à son fils Paul. Ce dernier, vingt ans plus tard, sera un notable reconnu. Conseiller Municipal et Conseiller Général, il restera en opposition avec les maires Jacques et Robert Balsan, particulièrement sur le dossier de l'école publique de filles.

                                                                                                        Pierre Alassoeur
                                                                                                        Atelier Histoire de Velles




 

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