Alexis Petit
Alexis Petit est né à Meaux, le 25 avril 1805 de Nicolas Petit et de Marie Eloi Bouton, riche famille bourgeoise. Son père était Président du Tribunal de commerce et riche marchand de drap.
Alexis a une jeunesse oisive et dorée. Après des études de droit et un goût pour la peinture, il suivra une formation d'un an à l'école de Roville, dirigée par Joseph, Christophe, Alexandre, Mathieu de Dombasle qui développa de nouvelles techniques agricoles, comme par exemple, la charrue qui porte son nom. Cette école formera plus de 300 élèves qui contribueront au développement de l'agriculture dans tous les départements de France, en créant des sociétés d'agriculture.
La mère d'Alexis Petit s'intéressa très tôt au courant de pensée "Saint-Simonien". Claude -Henry de Rouvroy de Saint Simon, à l'origine de cette philosophie, propose un modèle de société dans lequel le développement de l'industrie et du progrès technologique doit apporter le bonheur au plus grand nombre. Il développe des idées novatrices sur l'éducation pour tous, l'égalité homme-femme, les voies de communication à l'échelle planétaire, des approches pacifiques, apaisées et fraternelles entre les nations du monde.
Il meurt en 1825, mais ses idées sont reprises par plusieurs de ses disciples qu'on appellera "les Saints-Simoniens". Parmi ceux ci, émergera un leader "Prosper Enfantin" dit le Père.
Madame Petit, partagera les idées de Prosper Enfantin et soutiendra financièrement le mouvement. Son fils Alexis, devient très vite un adepte du Saint-Simonisme. Sa prise d'habit Saint-Simonienne a lieu le 18 juin 1832.
C'est l'époque où le mouvement est dissout par Louis Philippe.
Enfantin, Duveyrier et Chevalier sont emprisonnés à Sainte-Pélagie. Alexis sert d'intermédiaire avec le reste du mouvement.
A sa sortie de prison, Enfantin décide de partir en Egypte pour y développer ses idées et en particulier sur le projet de canal entre les deux mers. Les Saints-Simoniens y seront présents de 1833 à 1851.
Alexis Petit fait partie du voyage aux cotés de Prosper Enfantin. Il fera deux séjours 1833-1834 et 1835-1836.
Aux Archives Départementales de l'Indre, dans le fond Petit, nous avons pris connaissance d'un document exceptionnel. Il s'agit d'un livre de compte qu'Alexis tenait quotidiennement sur l'état de ses dépenses. Les extraits présentés concernent le premier séjour 1833-1834. Le détail évoqué est particulièrement intéressant voire émouvant.
Pendant que son fils partait en Egypte, sa mère, entre temps devenue veuve, associée au Père Bouffart, autre dirigeant du mouvement décide d'acheter 1.000 hectares incultes à Velles, précisément à Vauzelles pour y développer les théories Saint-Simoniennes, à savoir, apporter le bonheur à une population locale pauvre et déshéritée, par le développement des techniques agricoles.
Le Père Bouffart décède au bout de 6 mois. Il est enterré au château de Vauzelles. Madame Veuve Petit rachète ses parts.
A son retour d'Egypte en 1836, Alexis décide de rejoindre Vauzelles avec le projet d'y créer une "Ferme Communautaire Industrielle". Sa mère soutient le projet et y consacre une partie de sa fortune.
Des énormes travaux sont engagés, mobilisant tous les corps de métiers locaux. De nouvelles techniques agricoles sont développées : défrichage, drainage, chaulage avec de nouvelles semences et engrais.
Mais le résultat est décevant, dû en grande partie à la mauvaise qualité des sols. La récolte de 1840 est particulièrement mauvaise. La Ferme Communautaire Industrielle va progressivement glisser vers un fonctionnement plus classique (fermage-métayage), avec une implication et une direction qui resteront très présentes. Alexis se fera aider par Charles Duguet, autre Saint-Simonien.
En 1841, il épouse Rosalie Zoe Dumont, avec qui il aura trois enfants :
Adèle Céline Elise, née le 11 mai 1843
Nicolas Aimable Paul, né le 2 avril 1845
Charles Ambroise Auguste né le 10 octobre 1846
En 1842, les difficultés financières contraignent sa mère, Madame Veuve Petit à vendre sa propriété de Meaux. Elle quittera Vauzelles en 1845 pour un modeste appartement parisien.
En 1848, suite au mouvement révolutionnaire ayant mis fin au régime de Louis Philippe, il est élu Maire de Velles le 24 avril 1848. Ce sera de courte durée puisque quatre mois plus tard, lors des élections au suffrage universel, une cabale montée par le clergé et l'aristocratie, lui coûtera son siège.
Malade et dépressif en 1855, il cherchera sans succès à vendre Vauzelles. Il quittera le domaine pour Châteauroux en 1856, au prétexte que ses deux fils, Paul et Auguste entrent au lycée impérial.
Sa mère décède en 1863, lui meurt à Vauzelles le 24 février 1871, totalement ruiné.
Les terres de Vauzelles ont été léguées antérieurement à son fils Paul, ingénieur agronome qui sera Conseiller Général, Conseiller Municipal de Velles et particulièrement engagé dans le syndicalisme et la mutualité agricole. Il assumera la responsabilité de Secrétaire Général de la Société d'Agriculture de l'Indre et soutiendra tous les développements et innovations dans le domaine agricole (matériels, semences, engrais).
Pierre Alassoeur
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